Les dés sont largement jetés. Les gouvernements du Canada et du Québec pourront compter, du moins transitoirement, sur quatre grandes mesures pour soutenir le revenu des personnes affectées par la crise du COVID soit :
1. La Subvention salariale de 75% du salaire jusqu’à concurrence de 3 388 $ par mois (847 $ X 4), offerte aux employeurs qui maintiennent le lien d’emploi;
2. L’Assurance-Emploi (AE), qui offrait 55% du salaire maximum assurable jusqu’à concurrence de 2 292 $ par mois(573 $ X 4), qui est maintenant fermé et dont les demandes sont redirigées;
3. La Prestation d’Urgence du Canada (PUC), qui prend la relève transitoirement de l’AE en offrant un montant forfaitaire de 2 000$ par mois et
4. L’Aide sociale pour les autres avec 690 $ par mois pour une personne seule « sans contrainte au travail ».
Le Programme d’aide temporaire aux travailleurs (PATT COVID-19) du gouvernement du Québec, pour ceux qui ne sont pas admissibles à un autre programme d’aide financière, a été fermé depuisle 10 avril 2020.
Force est de constater qu’il y a quatre catégories de chômeurs du COVID. Si cela se défend transitoirement, étant donné la nécessité de déployer rapidement une aide accessible, on peut facilement y voir une iniquité qui ne saurait durer au-delà de la période initiale. En fait, il s’agit de mesures de secours direct en situation de désastre plutôt que des mesures de relance qui devront être appliquées en attendant le retour du plein emploi, ce qui pourrait être très long, selon la durée et de l’envergure du confinement.
Nous croyons que cette situation est intenable à plus ou moins brève échéance. Il nous faudra, un jour ou l’autre, et plutôt rapidement que tardivement, parler de la gestion de l’AE.
Le fonds appartient au 2/3 aux employeurs et au 1/3 aux travailleurs. Les PME et leurs employés subissent largement le fardeau de financement. Le Régime a financé pour au-delà de 60 milliards de $ le déficit fédéral. Mais des salariés, qui cotisaient depuis des décennies, et leurs employeurs, souvent des PME, se sont fait fermer la porte sous leur nez. Or, 60 milliards de $, c’est assez d’argent pour une immense bonification des prestations, un élargissement de l’accès au Régime et une modernisation des systèmes. Rien n’avait été fait. C’est un fiasco honteux. Il faudra que les employeurs et leurs employés reprennent le contrôle de la Caisse.
En fait, le PCU et la Subvention salariale auraient été inutiles n’eût été de cette négligence crasse.
Les USA vivent une situation similaire. Dans certains États, l’on cherche actuellement des programmeurs en COBOL pour “renipper” les systèmes informatiques désuets.
Le monde économique doit réagir ….
En outre, au-delà du soutien de revenu, rappelons que le Régime d’AE fournit la principale source de financement de la formation des sans-emploi au Canada, qu’ils soient prestataires ou non. Or, la « digitalisation » ou numérisation de l’économie s’opère à grande vitesse alors que le déficit de compétences en matière de littératie numérique touche déjà près de la moitié des Canadiens actifs sur le marché, selon leurs propres opinions. Bref, les besoins de formation seront immenses, tant pour le « reskillings » (reclassement) que le « upskilling » (perfectionnement ). Les fonds dédiés à la formation devront être accrus.
Les services publics de l’emploi, comme le défunt Emploi-Québec devenu « Services Québec » et dont le fonctionnement est largement assuré par le Régime auront une immense contribution à faire dans ce contexte. Ils devraient déjà être en mouvement pour offrir des formations et des services d’aide à l’aide en ligne, car il s’écoulera un bon moment avant que les services puissent être offerts en présentiel. Déjà, Pôle Emploi, en France, s’est mis en mouvement …
Bref, il faudra aller bien au-delà du PCU et d’un revenu minimum garanti.
Michel Cournoyer
Éditeur du Job Market Monitor
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