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Le Moniteur de l’emploi dans Le Devoir – Le processus de consultation sur l’immigration doit être bonifié

Le Québec fait face à un défi démographique sans précédent.

L’encre du nouveau plan triennal de l’immigration n’est pas encore sèche que celui-ci est déjà largement caduc. Ce que le premier ministre du Québec, François Legault, dénonce dans sa lettre à son homologue fédéral, Justin Trudeau, au sujet des résidents temporaires, était prévisible et prévu lors des consultations publiques sur la planification triennale de l’automne dernier, il y a moins de six mois. De nombreux témoins lors des consultations l’ont souligné et ont demandé qu’on en tienne compte. Mais ce fut peine perdue.

Le Québec fait face à un défi démographique sans précédent. Aucune étude ni aucune politique du gouvernement ne s’est véritablement attardée à élaborer une feuille de route conséquente. Selon une étude récente de l’Institut Fraser, le PIB par habitant au Québec pourrait chuter de près de 13 % d’ici 2043 sous l’effet du vieillissement. C’est énorme comme impact, et il importe de s’y préparer.

Les lignes de fracture en matière d’immigration semblent se durcir alors que les visions politiques des différents partis sont discordantes. Nous en sommes arrivés là malgré le fait qu’il ne s’est jamais autant passé de choses en immigration que durant les dernières années au Québec. C’est bien la preuve qu’il ne suffit pas de multiplier les gestes avec des changements ad hoc aux seuils et aux programmes. Il nous faudra agir collectivement.

Le Québec est l’un des rares endroits à avoir tenu des consultations parlementaires sur les « seuils d’immigration » grâce aux commissions sur la planification triennale. Il nous faut nous en féliciter. Toutefois, le processus en place est à bonifier, car il ne permet pas de répondre aux nouveaux défis. Il permet simplement au gouvernement d’entendre le point de vue de ceux qu’il invite et d’en disposer.

Lors des audiences publiques, les « témoins », à tour de rôle, présentent leurs points de vue et répondent aux questions des membres de l’Assemblée nationale siégeant à la commission, dont le ministre responsable. Ces témoignages durent généralement une heure.

Il n’y a aucune discussion, aucun échange entre les différents « témoins » qui représentent souvent des parties prenantes à l’accueil et l’intégration des immigrants permanents et temporaires. Il s’agit de la formule de consultation la plus rudimentaire, qui s’apparente davantage à un échange d’information, qui dure quelques jours et qui se termine quand le gouvernement le décide.

Dialogue social

Le Québec peut et mérite de faire mieux. Il est primordial d’établir un dialogue social sur l’immigration, une « conversation nationale » en vue d’une mobilisation des acteurs dans le cadre d’une action concertée, mieux orchestrée, où les gestes des parties prenantes se renforcent mutuellement et donnent le meilleur résultat possible. C’est une formule qui a déjà bien servi le Québec, au coeur du « modèle québécois » qu’il est nécessaire de rétablir.

L’accueil et l’intégration des immigrants sont l’oeuvre de nombreux acteurs et s’effectuent dans des milieux variés, dont les besoins et les défis économiques, sociaux, démographiques et linguistiques sont différents. Le gouvernement ne peut agir seul et il n’agit pas seul de toute façon. Les acteurs le savent aussi.

Entendre des invités lors d’une consultation ne suffira pas. Considérant le caractère stratégique pour le Québec de la question, c’est d’une concertation permanente que le Québec a besoin en cette matière, pas d’un simple échange d’information ni d’un « forum » ou d’« états généraux » sans lendemain.

La situation commande de renouveler la formule qui a grandement besoin d’être élargie et décentralisée, d’adopter une démarche qui n’accentue pas les clivages, mais aide à construire une vision partagée et à favoriser une « conversation nationale », un « dialogue social » et l’émergence de consensus.

À cet égard, la première condition pour qu’un tel scénario se réalise est que le gouvernement affiche une volonté politique ferme en faveur d’un tel renouvellement, basé sur l’instauration d’un dialogue social permanent en la matière, car les consensus ne se créent pas en une ou deux semaines.

L’invitation au dialogue du gouvernement doit être claire et venir du plus haut niveau. Car les acteurs ne se mobiliseront pas s’ils ne sentent pas que leurs points de vue seront pris en compte.

Michel Cournoyer
L’auteur est économiste et ancien directeur de la planification stratégique, de la recherche et de l’évaluation au ministère de l’Immigration du Québec.

Source: Le processus de consultation sur l’immigration doit être bonifié | Le Devoir

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